Dans cette série de portraits, nous vous présentons les personnalités qui nous inspirent le plus, des créatifs, des éducateurs, des activistes, des leaders de communautés et quelques super héros du quotidien qui nous tiennent en haleine. Nous vous ferons découvrir leur vie quotidienne, leurs espaces de vie et de travail. Nous vous parlerons de motivation et d’inspiration et, bien sûr, de tout ce qui a trait au style.
Rencontrez notre muse du mois de mars : Evelynn Escobar-Thomas, une créatrice et activiste cisgenre, noire et guatémalo-américaine de deuxième génération qui se travaille pour qu'il y est plus de représentation et de rassemblement des femmes de couleur afin qu’elles se réapproprient leur espace dans la nature. Vous reconnaitrez peut-être Evelynn, très présente sur les médias numériques, ou grâce au Hike Clerb, un club de randonnée féminin intersectionnel qu’elle a fondé et qui vise à faire des activités en plein air un espace inclusif et accessible pour les femmes (womxn) et les personnes de couleur et de minorités ethniques (BIPOC). Et si ce n’est pas le cas, nous sommes ravis de vous présenter cette bâtisseuse de communauté super talentueuse, basée à Los Angeles, qui est toujours prête à vivre n’importe quelle aventure avec le sourire. Elle parle ici, de l’intersectionnalité, de l’occupation de l’espace et de la joie que lui procure la nature. Poursuivez votre lecture pour en savoir plus sur ce qu’Evelynn souhaite nous dire.
Je faisais partie de ces enfants qui grimpaient aux arbres ou allaient jouer dans les bois quand ils étaient plus jeunes, donc mon amour pour la nature a toujours été présent.
COMMENÇONS PAR VOTRE PARCOURS ET VOTRE RELATION AVEC LES ACTIVITÉS EN PLEIN AIR.
Je suis originaire de Virginie du Nord, mais je vis à Los Angeles depuis six ans maintenant. En grandissant, l’une des choses que j’attendais toujours avec impatience était de rendre visite à ma tante à L.A. et de l’accompagner en randonnée. Je me souviens de l’une de mes premières randonnées, je devais avoir 10 ans, nous sommes allées à l’observatoire de Griffith et je me suis dit que c’était la chose la plus cool du monde ! C’est toujours l’un de mes parcours de randonnée préférés à L.A., et c’est là que la graine a vraiment été plantée. Je faisais partie de ces enfants qui grimpaient aux arbres ou allaient jouer dans les bois quand ils étaient plus jeunes, donc mon amour pour la nature a toujours été présent.
PARLEZ-NOUS DE HIKE CLERB. QU’EST-CE QUI VOUS A MOTIVÉ À LANCER CE PROJET ?
J’ai lancé Hike Clerb en 2017, c’était pour moi un moyen de rassembler des femmes de couleur et de les amener dans de grands espaces naturels. J’avais 23 ans quand je suis allée au parc national de Zion pour la première fois, et je suppose que je n’y ai jamais vraiment réfléchi jusqu’à ce que j’y aille et que je me dise : « Wow, c’est tellement homogène ». On pense à ces endroits comme de grandes destinations touristiques, et on pense qu’ils vont être représentatifs de ce à quoi ressemble le pays ; mais ce n’est pas le cas. J’ai été choquée par le manque de diversité, de représentation et de participation. En tant que femme noire et brune, amie avec d’autres femmes noires et brunes qui aiment aussi la nature, j’ai eu l’impression que personne ne nous a jamais donné l’occasion de nous sentir en sécurité, ou que nous soyons représentées dans ces espaces. Lancer Hike Clerb était pour moi un moyen de faire de la place aux autres, mais aussi de prendre collectivement de la place et de montrer que nous avons aussi notre place ici. Je voulais créer un espace sûr où l’on peut se montrer tel que l’on est. Et finalement, faire en sorte que cette expérience soit le point de départ de la découverte de soi dans la nature.
POURQUOI PENSEZ-VOUS QU’IL EST DIFFICILE POUR LES PERSONNES DE COULEUR DE CHERCHER DES ACTIVITÉS, DE L’AVENTURE ET DU RÉCONFORT DANS NOS ESPACES SAUVAGES ?
Quand on regarde vraiment au fond des choses, il y a toujours eu un problème. Nous existons tous sur ces terres volées. La seule façon d’obtenir ou même de créer ces parcs en plein air est d’expulser les populations d’origine de ces lieux. Le plein air est perçu comme une chose idyllique, mais il est entaché de violence, de génocides et de travail forcé. Il y a une déconnexion avec de nombreuses cultures différentes qui cherchent à s’y réfugier, à s’y soigner et à s’y divertir en raison de l’histoire de la terre sur laquelle nous vivons.
QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE POUR VOUS D’OCCUPER UN ESPACE EN PLEIN AIR ?
Prendre de l’espace signifie se montrer tel que l’on est sans honte. Ne pas se sentir obligé de se conformer ou de s’adapter ou de se placer dans quelque chose qui n’est pas naturel pour soi afin que les autres se sentent à l’aise. Il s’agit de rester fort et de savoir que nous avons autant le droit de prendre autant de place que n’importe qui d’autre. Il s’agit d’être à l’aise dans ce que l’on est et de s’en servir en espérant attirer les autres avec soi, de sorte que plus nous prenons de l’espace, plus nous écrasons cette notion alimentée par la suprématie blanche : que ces choses ne sont pas pour nous ou que nous ne sommes pas à notre place.
Le plein air est perçu comme quelque chose d’idyllique, mais il est entaché de violence, de génocides et de travail forcé.
VOUS ÊTES TRÈS PRÉSENTE DANS VOTRE COMMUNAUTÉ, EN LIGNE ET HORS LIGNE. COMMENT FAITES-VOUS POUR JONGLER AVEC TOUT VOTRE TRAVAIL TOUT EN TROUVANT DU TEMPS POUR VOUS ?
Hike Clerb est une part importante de mon travail, mais nous sommes des êtres aux multiples facettes. Au bout du compte, je suis une petite Vierge qui aime un tas de choses, que ce soit le nail art, les baskets ou le streetwear. Tout ce qui me pousse à continuer à faire ce que je fais est alimenté par mon propre sens de l’objectif et par les femmes qui ont joué un rôle déterminant en m’aidant à avoir confiance en moi. Je ne suis pas arrivée ici toute seule et c’est ce qui m’aide à aller de l’avant pour continuer d’explorer.
AVEC LE SENTIMENT ACCRU DE PRUDENCE À L’EXTÉRIEUR EN CE MOMENT, QUEL CONSEIL AVEZ-VOUS POUR QUELQU’UN QUI VEUT SE RECONNECTER AVEC LA NATURE OU S’AVENTURER EN PLEIN AIR POUR LA PREMIÈRE FOIS ?
Faites simplement ce que vous pouvez avec ce que vous avez. Faites de petites promenades dans la nature, asseyez-vous dans un parc, mettez-vous pieds nus dans l’herbe et ancrez-vous dans la nature de cette manière. Faites entrer la nature à l’intérieur : entretenez vos plantes et intégrez-les à votre rituel quotidien. Nombreux sont ceux qui pensent qu’il faut être physiquement à l’extérieur pour se connecter à la nature. Il est important de se rappeler qu’en fin de compte, nous sommes la nature. Nous faisons partie de ce grand écosystème, donc par défaut, nous avons une connexion innée. Servez-vous-en comme base pour cultiver une relation avec vous-même.
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Il est important de se rappeler qu’en fin de compte, nous sommes la nature. Nous faisons partie de ce grand écosystème, donc par défaut, nous avons une connexion innée.
QUELLE EST LA PROCHAINE ÉTAPE POUR EVELYNN ?
En fait, j’attends mon premier enfant pour la fin du printemps ! Devenir mère alors que le monde est sens dessus dessous, c’est vraiment fou, mais de la meilleure façon possible. Comme beaucoup d’entre nous, j’ai connu des hauts et des bas, et j’ai réalisé beaucoup de choses au milieu de la pandémie. Mais j’ai l’intention de continuer sur les bases que j’ai déjà posées pour moi-même et avec Hike Clerb. Une fondation qui aide les femmes de couleur, en particulier les femmes noires et brunes, à se sentir vues et soutenues dans leur travail de la meilleure façon possible.
